... Au cas où vous vous inquétiez, non je n'ai pas été kidnappée par des extrémistes kazhaks armés jusqu'aux dents et oubliée au fond d'une grotte de la région de Samdrup Jongkhar (oui je m'y connais en géographie kazhak mais vous ne voulez pas savoir pourquoi), je n'avais juste rien de bien intéressant à partager. D'ailleurs je n'ai toujours rien à partager -découverte susceptible de changer le cours de votre vie, j'entends- mais j'ai aujourd'hui décidé de faire une bonne action culturelle et de sortir de l'anonymat quelques petites perles innocentes que j'ai découvertes en écoutant FIP - et par la même occasion d'alléger le post-it "Fip & co. discoveries" sur mon bureau qui commençait à s'étendre dangereusement. Je déclare donc ouverte la session :

"F I P P O S T - I T"

-chansons ayant attiré au moins une de mes oreilles en faisant la vaisselle un soir d'hiver-

#1. Fantazio - S e v e n D a y s

Bienvenue dans un univers qui brouille les pistes entre le réel et le fantastique, cousin germain de ceux de Mathias Malzieu et de Tom Waits - en un peu moins grave et allumé. Mais tout de même, on voyage, et on a l'impression qu'un vieux film en noir et blanc défile sous nos yeux, la musique se tord dans nos oreilles, se transforme en une sorte de conte pour adulte musical, elle ressemble à un pantin en bois qui se déplace par à-coups, ou alors à un personnage de conte, un vagabon qui ne sortirait que la nuit. Et pourtant il y a cette alternance des deux chanteurs qui reprennent tout le temps la même mélodie et qui recrée tout ce qui peut y avoir de plus monotone dans notre quotidien. On a des parcelles de réalité et des parcelles de rêves qui s'entrelassent, se tordent, nous perdent avec elles. Et le tout a cette lumière des fins de nuit, quand le monde reprend son souffle et se remet en mouvement, petit à petit, un peu mécaniquement, dans cet état de demi-sommeil, quand on ne sait plus très bien si le rêve qu'on vient de faire s'est réellement passé ou non.

#2. Tindersticks - S l i p p i n ' S h o e s

J'adore le nom du groupe, le nom de la chanson et la voix du chanteur, et pourtant la chanson nous laisse une impression d'infini. Elle passe, nous traverse, et puis c'est tout. Ca commence dans la brume, puis les sons deviennent distincts, la rythmique s'installe, mais c'est le genre de mélodie qu'on a l'impression d'avoir déjà entendu quelque part tout en étant sûr de l'entendre pour la première fois. Elle est assez étrange, intemporelle, indéterminable, presque ensommeillée. On ne sait vraiment pas d'où elle sort mais elle ouvre une passerelle dans la musique, s'étend tranquillement sur le rythme de la batterie, sur le saxophone, sur les cuivres et sur cette voix grave et cassée, puis se referme tout aussi tranquillement, on ne sait pas très bien comment, en nous laissant plantés là, à attendre qu'elle redémarre. Ce sont ces cuivres qui troublent notre vue, qui nous trimballent de couplet en couplet dans cet univers qui, je trouve, va bien avec la pochette de l'album: toujours cette fin de nuit, cette transition incertaine qui nous égare, mais ici parce qu'elle file devant nous, et qu'elle s'éloigne, et qu'elle nous oublie là.

#3. Dafuniks feat. Barbara Moleko & Joseph Agami - E a s e m y M i n d

En fait je suis une imposteuse (?), celle-ci ce n'est pas moi qui l'ai découverte sur FIP mais une amie qui m'a envoyé un message endiablé cette semaine en me sommant d'écouter ce groupe dans l'heure et en me les présentant comme un mélange des General Elektriks, des Roots et de Chinese Man. Depuis, j'ai téléchargé et écouté une bonne vintaine de fois leur album et j'ai failli aller à leur concert samedi soir. Normal. Mais c'est cette chanson qui a le plus attiré mon attention, elle est lente, prenante, elle ralentit le temps et nous transfère dans un ailleurs chaleureux et un peu futuriste, nous donne envie de fermer les yeux et de ressentir les basses et la voix de la chanteuse, et de ne surtout pas les rouvrir.

#4. Emiliana Torrini - H e a r d i t a l l b e f o r e

Attention, voix féminine, mais pas de panique: rythmique entrainante et fraiche comme tout. Sa voix me fait un peu penser à celle d'Emilie Simon avant qu'elle ne parte dans des délires expérimentaux, mais l'ensemble reste tout de même beaucoup plus abordable pour les oreilles. Cette chanson a un je-ne-sais-quoi de salsa, de dansant, et de rétro en même temps, c'est le genre de mélodie qu'on garde en tête pendant toute une journée, qu'on fredonne en faisant du yahourt avec les paroles. Enfin bref, c'est le genre de truc qui ne fait de mal à personne.

#5. Kurt Elling - S a m u r a i C o w b o y

Amateurs de voix et de rythmes américains, foncez. C'est efficace sans tomber dans le déjà-fait. Ils avancent en gardant toujours la même base rythmique, la même nuance, mais ils rajoutent pontuellement des éléments surprenants: des échos de saxophone, de cymballes, de triangle, de timballe, qui viennent se greffer à cet air traditionnel - et au final on est agréablement surpris, ça devient jazz, blues et country à la fois, on a l'impression de traverser les Etats-Unis en 3min25 chrono. Parfois la voix monte, s'emporte, rit, c'est chaleureux et ça donne envie d'enfiler ses santiags et de se faire la malle avec eux en marchant le long des voies ferrées.

... Au cas où vous vous inquétiez, non je n'ai

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