'Cause on the surface the city lights shine
They're calling at me, come and find your kind
Sometimes I wonder if the world's so small
That we can never get away from the sprawl

Arcade Fire, The Suburbs, piste 15 - S P R A W L II.

Ouais. Sur le principe j'adhère. Je veux dire, la société américaine, l'étouffement, les banlieues interminables qui t'aspirent jusqu'à la moelle, les maisons toutes pareilles, les rues géométriques calmes, trop calmes, le temps qui passe pas, l'air qui stagne, qui ne se renouvelle jamais ... ok, great. Mais je sais pas. Y'a un truc dans cette chanson, dans l'instrumentation, dans le rythme, dans la voix de Régine Chassagne, qui me tape sérieusement sur le système. Comme s'ils étaient allés trop loin, qu'ils s'étaient perdus en route, qu'ils s'étaient déracinés, voire enracinés dans leur délire.

J'ai juste envie de leur dire d'arrêter là, oh les mecs c'est bon vous êtes allé assez loin, vous pouvez revenir au bases maintenant. L'évolution d'un groupe n'est pas sensé être une sorte de courbe exponentielle vers le parfait accomplissement d'un délire personnel, qui perd tout le monde en route, qui laisse les gens perplexes, oui d'accord c'est bien vous vous êtes réalisés mais nous dans l'histoire on fait quoi ? On vous regarde vivre votre musique tous seuls, on vous regarde faire du bruit sur scène, mais du bruit juste pour vous, juste pour vous accomplir, vous exprimer, du bruit juste pour montrer qui vous êtes et que vous n'êtes pas comme les autres ? Non, vous n'êtes pas comme les autres, on l'a compris. Mais rien ne vous oblige à vous emmurer vous savez. Vous avez rassemblé toute la terre, vous l'avez faite frissoner, pleurer, trembler, sauter de joie, vous avez éclairé nos nuits les plus sombres, vous êtes devenus un peu une religion pour certains, une passion pour d'autres, on vous a applaudis, admirés, adulés, détestés, mais vous savez, ça ne veut pas dire qu'on vous suivra jusqu'à l'impossible. Je me souviens d'une réflexion que je m'étais faite un jour en regardant un de vos lives. Je m'étais dit que vous étiez généreux, que vous donniez tout à travers votre musique, l'amour, la peur, la solidarité, la tristesse, l'espoir, le malaise, tout ça en un seul bloc, en une seule chanson. Et c'est ça qui est merveilleux avec vous, c'est qu'on se prend la vie en pleine gueule, qu'il n'y a rien à jeter, même pas le pire, qu'il faut tout garder et faire avec. Il y a dans votre musique une force et une fragilité mélangées, rien n'est ni tout blanc ni tout noir, c'est comme ça, elle est parfaite dans son imperfection. Alors ne changez pas, n'oubliez jamais d'où vous venez, n'oubliez jamais Wake up, Power Out, Intervention, Tunnels, Rebellion, n'oubliez jamais qu'un jour vous avez été petits avant d'être grands. Et alors peut être que je pourrais arrêter de vous faire la gueule.

Arcade Fire - Sprawl II (Clip).

Who the fuck are the Arcade Fire ? #1

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