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& The Wilderness Downtown.
28 avril 2013

* F r a g m e n t s C h i n o i s _ Listening to

 

* F r a g mn t s  C h i n o i s _

                            Listening to _  C2C - Down the Road. 

 

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07 Avril. En cours de route, aux alentours d'Abu Dhabi.

Les bateaux sur la mer comme les étoiles dans le ciel, le monde à l'envers.

 

 

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Remarque #1 - Les chinois sont pressés. A peine l'annonce d'embarquement était-elle affichée qu'ils se ruaient d'un seul mouvement vers la porte. 

09 Avril. Promenade dans Shijia Hutong. Se fondre dans la lumière du matin, s'adapter à la courbe poussiéreuse de la rue, chercher et trouver le regard curieux des passants. Eclats de rires lorsqu'un petit garçon manque de me frapper avec une cuiller, échange de regards amusés avec sa mère. Visite guidée par un vieux monsieur fasciné par mon appareil photo (pas autant que moi ceci dit). Il m'a montré un petit jardin et s'est fait prendre en photo, s'est fait prendre au jeu. Hier visite du campus, café italien, métro, Temple des Lamas, errance dans les Hutongs, magasin de disques, deux tours (Cloche & Tambours, penser à chercher laquelle est laquelle), promenade dans le quartier hypster-branché en bord de lac, dîner de bonhomme, Gin Tonic dans un bar Reggae, métro, nuit de 12 heures. 

 

Listening to _  Years around the Sun - Heart Delay.

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Remarque #2 - Les chinois crachent par terre comme nous on respire. 

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Listening to _  The Lumineers - Stubborn Love. 

12 Avril. Premier jour à Pingyao. Arrivés ce matin après une nuit pittoresquement chaotique dans un train chinois - assis en rang d'oignon sur des banquettes à angle droit. Vers minuit, pause clope au bout du wagon. Moment extrèmement surréaliste où je me suis retrouvée seule entourée d'hommes essayant d'arracher quelques mots de chinois au pauvre Romuald qui, arraché de son sommeil, ne comprenait rien. Vision étrange de tous ces gens empilés les uns sur les autres, des vendeurs de bouffe qui passaient dans les allées en hululant presque et des controleurs qui hurlaient dans leur talkie-walkie. Expérience visuelle, sonore et olfactive. "Ambiance festive". Le matin j'ai ouvert les yeux sur le soleil qui se levait sur la campagne chinoise. Vaste décharge publique, sentiment étrange d'un non-respect de rien, surtout pas des valeurs passées, au profit d'une course vers la modernisation écervelée. Cela ne se ressent pas vraiment à Pékin où les étrangers, touristes et intellectuels font pression pour sauver les hutongs, tranformant la ville en dédale architectural aux multiples facettes, mais dans le reste du pays ... Ballet de déconstruction et construction en accéléré qui déracine aussi bien les chinois que les touristes. Le soleil éclairait dans ce paysage toutes les contradictions, failles et faiblesses. Que Pinyao est calme comparée à tout ça ! Petite bulle d'histoire, ramparts de savoir préservé de ce vaste chaos. Petites maisons en briques, rues commerçantes, ruelles abandonnées, en travaux, pleines de poussière, impression parfois de se trouver en plein désert, temples, bâtiments historiques.

 

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C h i n e = Pays en chantier qui prétend ne pas faire de poussière. 

Remarque #3 - Les chinois ont la faculté de dormir dans n'importe quelle position.

Une fonction "désactiver", suggère Romu. 

 

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14 Avril. Train Pinyao-Datong. 07h12. Je me retrouve en bout de wagon, ça sent la cigarette un peu trop fort, tous les hommes fument comme si leur vie en dépendait. Ils tirent de grosses lattes et jettent tout par terre d'un geste précipité. Ici même quand le train est complet on peut acheter des billets et être debout dans les allées. Le wagon est rempli. Un bébé me fait coucou. Dehors les immeubles trop vite construits et les déchets trop vite jetés s'empilent - je viens de compter un immeuble de 32 étages. Folie des grandeurs en carton-pâte. Un monsieur d'une cinquantaine d'année qui dormait par terre sur un carton bient de se lever et se rase. Pantalon rouge-veste grise, grand et fin, il semble au dessus de tout cela. IL trouve une place, s'y assiet, croise bras et jambes, et ferme les yeux. La dame à côté de moi est concentrée sur le paysage. Pas de musique. Je ferme les yeux à mon tour, et écoute le bruit de la Chine.

Listening to _  Alt-J - Taro. 

Même jour, 12h07. Je viens de finir Les Faux Monnayeurs. Mon voisin d'en face s'arrache les poils du nez, fort charmant. Dehors, une aridité permanente et une industrialisation croissante. Et dedans, c'est l'heure du déjeuner. Odeurs de cigarettes, de pieds et de nouilles iophilisées ... Je m'en tiendrai aux pommes à 10 yuans. 

D a t o n g = "Reflet des grandeurs et contradictions de la Chine actuelle."

 

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Listening to _ Hollie Cook - Walking in the Sand. 

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Listening to _  Gramatik - The Swing of Justice

16 Avril. Départ de Datong avec le soleil dans les yeux. Il est 8h01. Wagon un peu plus classieux que les deux précédents, en face de moi deux adolescents qui écoutent de la musique - à côté de moi une femme recroquevillée sur son Ipad. Le bruit de la Chine me manquera même s'il est fatiguant. Klaxons, hurlements, et cette langue si hachée et contrastée dont je ne comprends pas un mot. L'odeur de la Chine. Un mélange de cigarette, sueur, poussière, nourriture grillée, pots d'échappement. C'est une peu comme une odeur humaine, au fond. Multiple, contradictoire, embivalante. La Chine entière, alors, serait une personne, elle regroupe différentes pièces d'une puzzle qui ne s'imbriquent pas forcément ensemble, dont les coins ne fusionnent pas, il y a le passé, la tradition, balayés mais pas encore tout à fait, en ruine mais qui résiste encore fébrilement, et l'ère de la Révolution Culturelle, et maintenant, la course vers le ciel et contre la montre, l'ultramodernité combinée au besoin de loger tous ces gens qui arrivent de la campagne et qui font gonfler les villes en haut, large et travers, ce changement en continu, "combien tu crois que ça loge de personnes ça ? - Beaucoup mais pas assez.", "même les chinois ne reconnaissent plus leur ville." A quelques places de moi, une femme pleure. Je pense que pour voyager, il faut savoir s'oublier, faire table rase de ses croyances et convictions, ce qu'on croit être juste, bon et mauvais, pour se fondre dans le lieu que l'on découvre, le laisser nous engloutir, disparaitre en son centre. 

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 Listening to _ Massive Attack - Paradise Circus. 

 

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