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& The Wilderness Downtown.
10 octobre 2011

Istanbul était un rêve #1.

   Imagine un immense porte-conteneur qui rampe doucement sur les eaux du Bosphore. Il arrive dans le port d’Istanbul, ce genre de port que l’on ne voit jamais vraiment mais que l’on aperçoit toujours au loin et qui laissent leur empreinte intemporelle dans toute une ville. Parce que c’est une ville portuaire, Istanbul tend constamment vers l’extérieur, vers l’ailleurs, elle offre ses bras au monde et tangue, nuits et jours, au rythme langoureux des vagues du petit bout de mer qui la scinde en deux. C’est une photographie que j’ai prise alors que nous aussi étions sur l’eau, nous revenions de la rive Asiatique, le jour commençait à tomber et ouvrait tout doucement la parenthèse de la nuit. Pour les habitants d’Istanbul la nuit est un autre jour qui commence, guidé par la Lune – c’est juste une autre manière de voir, en plissant un peu les yeux, un autre visage de la ville, à tâtons, où les apparences deviennent trompeuses, où l’on se perd, où les chemins se tordent sans que l’on sache très bien s’ils redeviennent droits au petit matin.

Chinese Man - Racing with the Sun. 

      J’ai donc pris cette photographie à la naissance du déclin du jour, là où la lumière brille dans un dernier soupir, là où le soleil met le feu au monde avant de disparaître loin derrière l’horizon, à la manière de tous ces bateaux que l’on voit s’évaporer, tout là bas, hors des frontières des hommes. Justement, sur cette photo le soleil on ne le voit pas directement, il y a juste ce porte conteneur, immense, et cette grue rouge, immense. Il arrive du bout du monde, a traversé les mers du monde, pour venir cracher ses conteneurs rouges, verts, bleus, blancs, sur cette terre de passage. Et reprendre, calmement, sa route sur les eaux. Le milieu des marins est un milieu bien étrange, à la fois répulsif est terriblement attractif. Dur, masculin, sûrement sans poésie aucune mais … S’imaginer seul face au vide de l’océan, au trop plein des vagues, seul face aux aléas du temps, entouré d’un rien qui englobe tout, la vie, l’espace, le temps ; à la fois prisonnier de l’eau et libre, enivré, saoulé par l’infini, ne distinguant plus le jour de la nuit, rêvant de la Terre à tout va mais ne vivant que pour l’Océan.  Ce sont des espoirs que l’on nourrit tous, cette liberté effrayante, cet appel du large, du voyage, vagabonds des eaux, aventuriers des mers, hors du monde. Marins.

 

The Decemberists - The Mariner's revenge song. 

      Et quand on voit, au coucher du soleil, arriver ces monstres intemporels, alors ce sont tous ces rêves qui nous sont renvoyés en pleine figure, l’appel de l’eau, l’absence de frontière, de temps, de tout. Et déjà l’on part, vers ce loin loin loin qui nous aspire.


IMG_3310

      Et donc aussi étrange que cela puisse paraître, tous ces monstres ne polluent pas le paysage de la ville, mais ils en font partie, ils l’habitent, la hantent, jusque dans le fin-fond des ruelles les plus sombres on les sent qui passent, qui repassent, mais qui jamais ne s’arrêtent vraiment, ou très peu, et qui toujours trimballent des miettes d’autres ports d’autres mondes. Et Istanbul toujours est un mélange de toutes ces miettes, un pot-pourri des épices de toute la Terre.  

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Commentaires
M
Wow.<br /> J'ai envie de dire, vivement la suite !!!<br /> & aussi... ça m'a manqué de te lire <3
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