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& The Wilderness Downtown.
14 octobre 2011

I found the rolling tide.

 

e i r u t  - T h e   R i p  T i d e. 

[T'es gentil, tu cliques sur les liens et tu écoutes. ]

         C'est pas que je veuille du mal à vos glandes lacrimales hein, mais bon parfois il faut savoir prendre les belles choses où elles sont, tant pis si après on ne voit plus rien, si on part à la dérive, si notre coeur s'envole un peu trop loin, C'est ça aussi la musique je crois, prendre le risque de se perdre. Beirut pour moi c'est un peu un mystère, je sais pas encore très bien si je dois en faire une religion ou non - c'est par vagues je crois, ça va ça vient, c'est en fonction des saisons et des humeurs. Ce n'est pas comme tous ces groupes à valeur sûre que l'on défendrait contre vents et marrés, c'est un groupe qui vit, qui module, qui bouge, un peu comme le bois d'une clarinette selon le temps. Il gonfle, sèche, craque, c'est un groupe d'une instabilité incroyable, qui voyage, qui nous échappe. Leur son est à la fois tellement épuré et tellement clinquant que l'on ne sait pas si on peut leur faire confiance, au fond. Il y a d'abord eu The Gulag Orkestrar, la révélation à elle toute seule, l'orchestre vivant, la claque dans les oreilles, le passeport presque caricaturé pour l'Est. Puis Postcard from Italy, ses paroles et son air de cuivres un peu jauni par les souvenirs. Un album que ne j'ai pas compris. Et puis un concert, en Août 2010, presque sous la pluie. Mais entre les deux, pas grand chose. 

         Jusqu'à la fin août, où ils sont revenus de nulle part avec de nouveaux airs empruntés Dieu sait où. C'est un peu comme si on n'avait pas le choix, alors on fini par écouter. Au début on est un peu noyé sous les trompettes, les accordéons et autres percussions chères à leur musique - et puis avouons que la voix de Zach est tout de même particulière, il faut s'y faire. A la fois nasillarde et grave, sensuelle et enfantine. C'est comme si elle était un peu usée, ou perdue, qu'elle revenait de très loin, d'un long périple quelque part en Europe de l'Est et que son timbre portait encore la cicatrice ouverte des Balkans. Un peu timide aussi, face à la fanfare de fortune qui l'accompagne, comme si elle croyait ne pas avoir la carure pour défier ces cuivres fiers, pimpants, presque insolents. Comme si elle virvoletait entre les instruments, portée par la puissance d'un et la mélodie de l'autre, et qu'elle ne savait plus très bien qui elle était, quelle était sa place. Mais il faudra peut être lui dire, un jour, qu'elle est parfaite pour ce rôle, et qu'elle peut crier, briller comme eux ... Enfin bref, où en étais-je. 

 

_SeA__by_day_light


         Ah oui, aux trompettes et aux accordéons. C'est vrai que c'est trompeur, ils nous entraînent dans leur danse, et nous on avance à l'aveuglette, on est un peu pris dans la vague et nos oreilles bourdonnent, on ne distingue plus les sons, c'est à la fois grisant et frustrant. Jusqu'à The Rip Tide. Quand le petit bout de piano du début a pointé son nez, un peu étouffé, nostalgique, je crois que j'ai levé la tête en me disant "oh tiens, c'est beau ça". Puis la caisse claire, 
les trompettes. Puis, dans ma tête, la mer, ou une ville la nuit, une ville que l'on connait depuis toujours, et la lumière des réverbères. Le froid de l'hiver, un peu de vent, et une habitude que l'on revit mais dont on ne peut pas se détacher. Puis la voix de Zach qui arrive, réservée, fidèle à elle-même. Et alors je me suis revue toutes ces soirées d'automne quand je sortais sur ma terrace fumer une cigarette emmitoufflée dans un vieux pull, et que je m'asseyais dans ces transats pourris qu'on a fini par ne même plus rentrer l'hiver pour regarder les étoiles. L'impression d'avoir la nuit pour soi tout seul, de couper les ponts avec le monde l'espace de quelques minutes, c'est à peu près ce que véhicule cette chanson à mes yeux. Et ça, c'est parce que les trompettes se mélangent au piano, c'est parce qu'on dirait un peu Coldplay au début et Calexico à la fin, c'est parce que ça parle de marrée, de vieilles maisons, de choses qui s'en vont mais qui toujours reviennent, peu importe la saison, peu importe le mois. C'est le genre de chanson qui t'embarquent un peu trop loin, le genre de chanson que tu as l'impression de toujours avoir porté quelque part au fond de toi. C'est honnête au point de donner l'impression de ne pas avoir été travaillé, allez les mecs jouez à l'instinct et on verra bien. C'est un remède contre l'ennui, une clé pour l'évasion. En bref, une belle chanson, mais en insistant sur le mot "belle" plutôt que "chanson". 

 

polaroid%20116

The Gulag Orkestrar. 

Postcard From Italy. 

*

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Commentaires
M
La messe est dite je crois...<br /> <br /> Même si je ne me vois pas écouter du Beirut à longueur de temps, je dois reconnaître que ça embarque ! <br /> Tu en parles tellement bien. Mettre des mots sur cette musique, et les faire couler comme ça.. y'a que toi pour le faire !
M
n'aurait pas pu*<br /> <br /> abawi avec mon illettrisme tu vas encore dire que je viens du tiers monde
M
Auréliane cet article n'aurait pas ou être plus parfait <3
M
<3<br /> <br /> Ceci est un commentaire qui illustre le sentiment de mes oreilles !
A
Auréliane !! Comment ça se fait que j'arrive seulement maintenant par ici ? lol En tout cas, une fois de plus, tu sais choisir de belles images :)
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