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& The Wilderness Downtown.
30 octobre 2011

On fait comme on a dit, les rêves nous on les multiplie.

      

D i a n a  K r a l l  -  S t o p   t h i s  W o r l d

There's just too many pigs in the same trough
There's too many buzzards sitting on the fence
Stop this world, it's not making sense

Polaroid_New_York_8_by_blackscreen

         La seule chose que j'ai été foutue de faire hier soir c'était taper "Polaroid New York" dans Deviantart en écoutant Diana Krall. A croire que j'avais que ça à penser t'sais, des photos pseudo-rétro de cette ville dégueulasse. J'ai même pas envie d'aller à New York en plus, pourtant Dieu sait que j'en rêvais avant, de fouler des pieds le mythe de la ville qui ne dort jamais. Maintenant j'ai juste l'impression qu'elle me donnerait le tournis, que je m'y perdrais complètement - mais pas au bon sens du terme, pas comme quand on voyage et que l'on met de côté les quatre points cardinaux. Se perdre au sens d'être désorienté, d'avoir la tête qui tourne tellement que l'on ne sait plus qui on est, comme dans un grand huit entre les rues toutes parallèles et les étoiles qui ont disparu. A quoi bon aller s'enterrer dans une ville où il n'y a même plus d'étoiles. Mais voilà blabla c'était un mythe, y'avait Manhattan et Brooklyn, les murs étaient en brique, l'atmosphère était à l'art, à la réussite, à l'espoir alors on rêvait d'y aller pour ressentir qu'on était au centre du monde, dans l'oeil du cyclone de la civilisation occidentale, Times Square et tout le bordel. On rêvait nous aussi de faire partie de la carte postale, d'aller se poser sur un banc à Central Park, de prendre en photo les escaliers de secours des immeubles en brique de Brooklyn, d'escalader l'Empire State Building, de manger des Baggles et d'aller faire les fiers sur Ellis Island. C'était un rêve d'ado, on se sentait tellement cool, tellement artiste en rêvant de cela, en écoutant les paroles de ceux qui y étaient allé avant nous et en clamant ensuite "oui cette ville pue mais tu comprends je peux pas l'expliquer, c'est une véritable attraction, il faut que j'y aille". Et on apprenait l'anglais, on avait l'impression d'avoir un but dans la vie. On sentait bien que au fond le voisin d'en face il avait exactement le même rêve que nous mais on ne se demandait pas pourquoi et on était quand même heureux.

 

Louise Attaque - La Ballade de Basse. 

New_York_Polaroid__by_knightbus33

         Mais maintenant franchement je me demande si ça vaut la peine de leur filer nos sous, si ça vaut la peine d'aller engraisser la Grosse Pomme, parce que d'au fond ces rêves ce n'était pas les notre. ils ne nous appartenaient pas, c'était les rêves de toute une génération de gosses à qui ont avait collé les images de Time Square en leur disant "voilà regarde c'est comme ça que tu dois faire, c'est là qu'il faut que tu ailles, ça c'est bien. Ce n'était pas notre rêve, c'était le Rêve Américain qu'on nous avait foutu dans la tête, et nous on n'y voyait que du feu et on avait des étoiles dans les yeux. Mais à quoi rime cette ville au fond ? Pourquoi les rues parallèles, pourquoi les numéros au lieu des noms, pourquoi les façades brutes et carrées, pourquoi les immeubles tellement imposants qu'on n'en voit même plus le sommet ? New York a trop d'immeubles, ce n'est pas humain. Et le monde a été bouleversé quand il y a dix ans les deux plus grands on été détruits. Et le monde a tremblé pour deux immeubles. Mais le monde tremble-t-il quand des villes entières, des villes qui n'ont pas d'immeubles plus hauts que le ciel, sont décimées pour une histoire de pétrole ? Le monde tremble-t-il quand c'est la famine sur l'autre continent ? Non. Que fait le monde ? Il reconstruit des immeubles encore plus grands. Le monde ne s'arrête jamais de tourner, il se croit indestructible, surpuissant et cette puissance il l'affiche et il est persuadé que oui c'est comme ça que ça marche, c'est moi qui décide ici regarde mes immeubles comme ils en jettent si t'y touches t'es mort. Et moi je dis stop, je ne veux pas de ça, si le monde est comme ça alors je ne mettrai pas les pieds dedans. 

 

Goran Bregovic - Death. 

New_York__New_York_by_anti_pixel

         Le mois dernier dans un magasine de photo-journalisme j'ai lu un article sur l'après onze septembre où un témoin disait que maintenant que le nouvel immeuble était en construction alors New York allait aller mieux, qu'elle retrouverait sa fierté et sa confiance en elle. Et ce jour là, pour de bon, j'ai arrêté de rêver de New York. Ce fut la fin d'un rêve naïf, d'un rêve qui n'était pas né de moi mais qui m'avait guidé pendant deux ou trois ans. Maintenant cette ville m'est indifférente, je n'en veux plus, elle peut bien continuer sa course folle ça ne m'interesse plus. New York m'a dégoûtée, maintenant je rêve d'ailleurs, de grands espaces, de lieus dont les images ne nous sont pas encore parvenues, qui sont encore des trous noirs et mystérieux dans notre imaginaire. Je rêve d'endroits qui ne sont pas dans les magasines. Quand cet été j'ai pris l'avion pour Istanbul je n'avais pas la moindre idée d'où j'allais atterrir, je n'avais aucune attendre, aucune appréhension, je fonçais mettre des couleurs sur une tâche noire dans ma tête et cette sensation était juste indescriptible, c'était comme plonger dans le monde sans gilet de protection. Alors maintenant c'est cette sensation-là qui me guide, c'est mon nouveau rêve, et armée de ça j'irai me perdre à Mexico, à Pragues, à Buenos Aires, à St Petersbourg, j'irai jusqu'à Budapest, jusqu'aux pays baltes, j'irai gravir le Machu Michu et le Kilimanjaro avant la fin des neiges éternelles, m'enfoncer dans le désert marocain, j'irai mettre les pieds au Liban, en Israël, en Inde bien sûr. Et je retournerai à Cuba, là où tout à commencé. 

         New York l'absurde est loin derrière maintenant et elle ne me manque pas, je suis heureuse d'avoir compris qu'il fallait m'en détacher, c'est un peu comme un rêve d'enfant qu'on abandonne dans un grand rire une fois grand en se disant qu'on était bien bête, quand même, d'y avoir cru. 

 

Louise Attaque - Sans Filet. 

Et on partira sur un simple reflet
Qu’on épousera jusqu’à tout oublier
On repartira chaque jour sans filet
On s’écoulera jusqu’à se perdre en pieds


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Commentaires
M
Je vois très bien ce que tu veux dire, et puis c'est surtout l'est qui m'attire, le nord aussi. Mais le rêve américain j'y peux rien il est toujours là je crois que le seul moyen pour me débarrasser de ces images toutes faites de NYC c'est d'y aller.
A
Très beau texte. Et je dois dire qu'il fait assez réfléchir. Je suis allée à NYC. C'était un rêve. Sur place, j'ai été émerveillée mais quelle puanteur ! Et j'ai aussi ressenti de la compression, une sensation d'enfermement. Je n'avais jamais autant rêvé d'espaces verts et de ciel bleu. Le ciel ! Tu ne le vois plus. Les arbres ? Tu passes à peine sous un arbre et tu sens l'odeur de la chlorophylle comme tu ne l'as jamais senti tant tu as les narines encombrées par les odeurs de pollution, de friture, de crasse. NYC est humide et c'est ça le pb. Mais quand je dis humide, c'est vraiment humide à te faire friser les cheveux lol. La buée est sur les vitres et la chaleur est suffocante. Lorsque je suis allée à L.A, j'ai fait un stop de 3h à NYC. Depuis Newark Airport, je suis sortie dehors, juste pour voir s'il y avait tjrs cette humidité de mon souvenir. Et oui, elle était bien là, suffocante. Tu transpires sans même bouger un orteil.<br /> Pour moi, NYC est trop haute. Lorsque je suis sortie de Central Park et que j'ai été cernée par ses buildings si hauts, je me suis sentie comme dans une cage à lapins. Etouffant, étourdissant.<br /> Quand je suis rentrée de L.A, je disais que la ville étant trop gde, et NYC trop haute. Je reste vraiment sur cette impression. Je ne pourrais pas vivre à NYC, (alors que je le pourrais à L.A à condition d'avoir une voiture lol). MAIS, NYC reste superbe à découvrir en tant que touriste. Je rêve d'y retourner tant je suis rentrée avec des étoiles plein les yeux :).
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