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& The Wilderness Downtown.
8 octobre 2012

YOUR LIFE IN THE RAIN #1

 

n g l a n d  gets the ones you never need [...] -

 

La première chose à savoir c'est que je ne voulais pas aller en Angleterre. Je rêvais d'Istanbul, de Prague, et même d'une année sabbatique au Mexique. Mais je ne voulais pas aller en Angleterre - trop gris, trop près, trop pluvieux. Et puis quand, un beau jour d'hiver 2012, la directrice de ma licence m'a regardé dans les yeux en me disant avec un air semi-désolé que partir en Erasmus en troisième année n'était pas réalisable "parce que vous comprenez comme vous êtes la première promo, l'administration n'a pas encore blablabla", ... La tête brûlée que je suis a eu envie de lui prouver qu'elle avait tord. J'ai donc présenté un dossier en faisant tout de même l'effort de leur donner à moitié raison, c'est à dire en écartant Istanbul et Prague de mes destinations. Et j'ai été prise, contre toute attente, à l'Université de Warwick, immense campus enterré au fin fond des West Midlands qui s'avère être dans le top five des facs du pays. Vous m'en direz tant. 

 

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The National - England

 

En toute honnêteté, j'ai même hésité à y aller. Fallait-il partir à tout prix ? Aller au bout de ses folies par simple orgueil, échouer dans une campagne humide et se morfondre de sa capitale française toute l'année ? Est ce qu'inconsciemment je ne voulais pas partir parce que tout le monde partait ? Et cela ne pouvait-il pas d'avérer, au final, un handicap pour les objectifs que je m'étais donnés par la suite - à savoir les écoles de journalisme ? Et puis surtout, ne m'étais-je pas promis de ne pas aller en Angleterre puisque je ne ressentais aucune espèce d'attirance pour ce pays ? A chaque jour sa nouvelle question ... Mais voilà, on ne se refait pas: je suis partie. La simple idée de départ, même de l'autre côté de la Manche, a eu raison de toutes mes hésitations. Il y a trois raisons à cela: 

        1. Je ne peux m'empêcher de bouger

        2. Cela faisait à peu près cinq ans que je rêvais de perfectionner mon anglais et d'étudier à l'étranger

        3. Ce n'est pas que je sois superstitieuse, mais parfois quand il nous arrive des choses, c'est que cela devait           se passer. Donc qui vivra verra.

 

Baden Baden - You'll see

 

Alors voilà, comme quoi on ne peut pas tout contrôler. J'ai eu le départ, mais pas la destination. On atterrit parfois dans des lieux que l'on ne choisit pas, l'essentiel étant d'en tirer le meilleur et de se débarrasser de tout stéréotype - à base ici de "en Angleterre ils mangent tous du Chedar, il pleut 364 jours par an et ils conduisent à gauche" ... Bien que ce ne soit pas forcément faux. Au début c'était dur. Je n'ai pas connu l'exaltation habituelle des premiers jours dans un lieu nouveau, où tout semble mieux que chez soi, où l'on s'extasie devant chaque flaque d'eau. Au début je me demandais ce que je foutais là, dans cette ville qu'ils appellent Coventry, non loin de l'Université de Warwick, dans cette ville d'une monotonie imbattable, hideuse à souhait, sans vie. Sans vie, oui. Quand j'ai débarqué là, fin septembre, avant que les cours ne commencent, je n'y trouvais aucun sens. Pourtant il y a bien des bâtiments, enfin que dis-je ? Un amas de parking et de bâtiments post industriels, mais ils s'empilent les uns sur les autres d'une telle manière que la seule chose qu'ils créent est un vaste sentiment de vide. Tout me semblait tellement triste, tellement dévasté, à bout de souffle presque, sans énergie. Je ne voyais que l'absence, l'absence de tout, de gens, de soleil, d'atmosphère. Et puis un soir de grand désespoir je me suis dis que la beauté de ce monde était peut être juste un peu timide, habituée à ce qu'on l'oublie, à qu'on ne s'y attarde pas. Alors j'ai décidé de m'y attarder un peu, je suis sortie avec mon appareil photo (et mes trois pulls et mon écharpe) et j'ai traîné dans les rues jusqu'à ce que le soleil se couche complètement, jusqu'à ce que je ne puise plus faire la mise au point correctement. Et depuis ça va mieux, il y a toujours autant de béton à Coventry et aussi peu de vie, mais je me dis que ce n'est pas si grave après tout, qu'il y a bien d'autres choses que l'on peut aimer. Et puis que c'est comme ça, qu'on ne peut pas toujours tout avoir dans la vie. 

 

 

IMG_0845

 

 Beirut - Transatlantique

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